TIBURCE
Philippe RAGUENEAU (1917-2009), auteur de romans policiers, met en scène : "Tiburce, le chat qui..." Mais je trouve que la place de Tiburce dans l'histoire est vraiment partie négligeable et que mettre en avant le chat dans le titre du livre c’est un peu tromper sur la marchandise. Je trouve l'écriture un peu simpliste et les enquêtes policières un peu légères. Dans le style je préfère "Le chat qui..." de Lillian Jackson Braun (1913-2011). Les titres se ressemblent, mais je pense que la vénérable Lillian, qui a écrit pendant 75 ans, a eu l’idée de ce titre en premier. Philippe Ragueneau a peut-être voulu lui rendre hommage en choisissant un titre aussi proche.
Robert HEINLEIN
Par un des hivers qui précéda de peu la guerre de six semaines, j'habitais avec mon chat de gouttières, PETRONUS LE SAGE, une vieille ferme dans le Connecticut. Je doute qu'elle s’y trouve encore; elle était située en bordure de la zone qui fut soufflée, et Manhattan n'échappa à la destruction que de justesse. Ces vieilles baraques flambent comme du papier de soie. Serait-elle encore debout, elle ne constituerait plus qu'un logis peu attirant, en raison du voisinage actuel. Pourtant, à l'époque, nous l'aimions bien, Pete et moi. Le manque total de confort nous permettait de bénéficier d'un loyer modeste. Ce qui avait été une salle à manger donnait au nord; je jouissais donc d'un éclairage adéquat lorsque je travaillais sur ma planche à dessin. Toute médaille a son revers. Cette maison avait un défaut : ses onze portes de sortie; douze en comptant la chatière de Pete. J'ai toujours essayé, partout, d'aménager une chatière pour Pete : en l'occurrence, une planche remplaçant la fenêtre d'une chambre à coucher inoccupée avait été percée d'un orifice de la largeur de ses moustaches. De trop nombreuses heures de ma vie ont été passées à ouvrir des portes aux chats. Depuis l'aube de la civilisation, 978 siècles de temps humain ont au total été employés à ce geste : j'en ai fait le compte, les chiffres sont là pour le prouver. Donc, habituellement, Pete utilisait sa chatière, sauf s'il parvenait à m'obliger à lui ouvrir une porte, ce qui le comblait d'aise. Mais il refusait d'employer la chatière par temps de neige. Durant son enfance de chaton, alors qu'il n'était encore qu'une boule duveteuse et bondissante, Pete s'était élaboré une philosophie toute personnelle : j'avais la charge du logis, de la nourriture et de la météorologie, lui était chargé du reste. Il me rendait tout particulièrement responsable du temps qu'il faisait. Les hivers du Connecticut ne sont jolis que sur les cartes de Noël. Cet hiver là, très régulièrement, Pete allait jeter un coup d'œil à sa chatière, et, se refusant à emprunter ce chemin recouvert d'une déplaisance matière blanche - il n'était pas fou- venait me tanner jusqu'à ce que je lui ouvre une porte. Il avait la conviction inébranlable que l'une d'elles, au moins, devait s'ouvrir en plein soleil - s'ouvrir sur l'été -. Il me fallait donc, chaque fois, faire le tour des onze portes en sa compagnie, les lui ouvrir l'une après l'autre, et lui faire constater que l'hiver sévissait également, tandis que ses critiques sur mon organisation défectueuse s'élevaient crescendo à chaque déception. Lorsqu'il rentrait, la glace collée à ses petites pattes silencieuses faisait un bruit de claquettes sur le plancher. Il braquait sur moi un regard foudroyant et refusait de ronronner jusqu'à ce que tout soit léché, séché. Alors seulement, il me pardonnait...jusqu'à la sortie suivante. Mais il n'abandonna jamais sa recherche de la porte s'ouvrant sur l'été.
Les premières lignes de ce roman de Robert HEINLEIN « Une porte sur l’été » de 1957, même s'il n'est pas récent, me touchent par la poésie et l'amour des chats qui s'en dégagent. Nos félins, avec les années, ne changent pas et ce texte toujours d'actualité me rappelle furieusement un certain rouquin de mes amis, que vous pouvez retrouver là :
Fantastiques aventures de Surcouf
LE VIEUX CHAT ET LA JEUNE SOURIS
(En françoys dans le texte)
UNE JEUNE SOURIS, DE PEU D'EXPERIENCE CRUT FLECHIR UN VIEUX CHAT,
IMPLORANT SA CLEMENCE
ET PAYANT DE RAISONS LE RAMINAGROBIS :
"LAISSEZ-MOI VIVRE : UNE SOURIS DE MA TAILLE ET DE MA DEPENSE EST-ELLE A CHARGE EN CE LOGIS ? AFFAMEROIS-JE, A VOTRE AVIS L'HOTE ET L'HOTESSE,
ET TOUT LEUR MONDE ?
D'UN GRAIN DE BLE JE ME NOURRIS :
UNE NOIX ME REND TOUTE RONDE. A PRESENT JE SUIS MAIGRE;
ATTENDEZ QUELQUE TEMPS :
RESERVEZ CE REPAS A MESSIEURS VOS ENFANTS."
AINSI PARLOIT AU CHAT LA SOURIS ATTRAPEE.
L'AUTRE LUI DIT : "TU T'ES TROMPEE :
EST-CE A MOI QUE L'ON TIENT SEMBLABLES DISCOURS ?
TU GAGNEROIS AUTANT DE PARLER A DES SOURDS.
CHAT, ET VIEUX, PARDONNER ? CELA N'ARRIVE GUERES.
SELON CES LOIS, DESCENDS LA-BAS. MEURS, ET VA-T-EN.
TOUT DE CE PAS HARANGUER LES SOEURS FILANDIERES :
MES ENFANTS TROUVERONT ASSEZ D'AUTRES REPAS."
IL TINT PAROLE ET POUR MA FABLE VOICI LE SENS MORAL QUI PEUT Y CONVENIR :
LA JEUNESSE SE FLATTE ET CROIT TOUT OBTENIR :
LA VIEILESSE EST IMPITOYABLE.
Jean de La Fontaine
CHATS DE COLETTE
Noir dans le noir. Plus noir que le noir. Plus noir que le combat de nègres à minuit dans une cave. Je n'ai pas besoin, pour disparaître, de me cacher ; je cesse seulement d'exister, et j'éteins mes phares. Mais je fais mieux encore, je dépose mes deux phares d'or au ras du tapis, flottant dans l'air, visibles et insaisissables, et je m'en vais à mes affaires... C'est de la magie ? Mais bien sûr. Croyez-vous qu'on soit noir à ce point, sans être sorcier ?
Si vous cherchez de la lecture féline en ce début d'année, vous pouvez vous plonger dans un de mes 4 romans sur les chats :
Attila le curieux chat voyageur
Fantastiques aventures de Surcouf
Mon 3ème roman félin TROPIQUE DU CHAT chez évidence éditions
https://www.amazon.fr/dp/B084NYFSRL/ref=dp-kindle-redirect?_encoding=UTF8&btkr=1
Mon 2ème roman : ATTILA, le curieux chat voyageur chez City éditions
nouvelle version avec une préface de Brigitte Bulard-Cordeau
Les fantastiques aventures de Surcouf chez City éditions
LIEN VERS LE LIVRE : http://livre.fnac.com/a7889954/Christine-Lacroix-Les-fantastiques-aventures-de-Surcouf-le-Chat
Mon mail : surcouf.galaup@gmail.com