Prendre sa petite boule de poil comme exemple de vie ? C'est ce que suggère Stéphane Garnier, qui a lui-même longuement observé son chat Ziggy avant de rédiger ce livre de développement personnel insolite. Exit le stress ! Laissez le maître (félin) vous guider vers un nouveau quotidien fait de sérénité, d'indépendance, de charisme... À vous la vie de chat !
Jean de La Fontaine a fait sa propre version de la fable d’Esope (décès en 564 av. J.-C.)
Le singe et le chat
Bertrand avec Raton, l'un Singe et l'autre Chat, Commensaux d'un logis, avaient un commun Maître. D'animaux malfaisants c'était un très bon plat ; Ils n'y craignaient tous deux aucun, quel qu'il pût être. Trouvait-on quelque chose au logis de gâté, L'on ne s'en prenait point aux gens du voisinage. Bertrand dérobait tout ; Raton de son côté Etait moins attentif aux souris qu'au fromage. Un jour au coin du feu nos deux maîtres fripons Regardaient rôtir des marrons. Les escroquer était une très bonne affaire : Nos galands y voyaient double profit à faire, Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui. Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd'hui Que tu fasses un coup de maître. Tire-moi ces marrons. Si Dieu m'avait fait naître Propre à tirer marrons du feu, Certes marrons verraient beau jeu. Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte, D'une manière délicate, Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts, Puis les reporte à plusieurs fois ; Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque. Et cependant Bertrand les croque. Une servante vient : adieu mes gens. Raton N'était pas content, ce dit-on. Aussi ne le sont pas la plupart de ces Princes Qui, flattés d'un pareil emploi, Vont s'échauder en des Provinces Pour le profit de quelque Roi.
Une statue du"BOSQUET DU LABYRINTHE" à Versailles représente cette fable d’Esope (décès en 564 av. J.-C.)
Le Singe et le Chat méditaient au coin du feu comment ils s’y prendraient pour en tirer des marrons qui y rôtissaient.
« Frère, dit le premier à l’autre, ces marrons que tu vois, il nous les faut avoir à tel prix que ce puisse être ; et pour cela, comme je te crois la patte plus adroite que la mienne, tu n’as qu’à t’en servir, écarter tant soit peu cette cendre, et nous les amener ici. »
L’autre approuve l’expédient, range d’abord les charbons, puis la cendre, porte et reporte la patte au milieu du feu, en tire un, deux, trois ; et pendant qu’il se grille, le Singe les croque. Un Valet vient sur ces entrefaites troubler la fête, et les galants prennent aussitôt la fuite. Ainsi le Chat eut toute la peine, et l’autre tout le profit.
« Beauté se coucha sur le dos. Il prit la plume entre ses pattes de devant, qu’il frotta l’une contre l’autre, comme s’il applaudissait. Il acclamait les chemins de l’air. Leurs courants, ascendants ou descendants, qui permettent aux oiseaux de planer. Il fêtait les panoramas vertigineux contemplés des balcons de l’espace, les vues plongeantes, les chutes en piqué (…), tout cette écriture tracée dans l’invisible. »
Une petite Souris ayant rencontré un Chat et un Cochet, voulait faire amitié avec le Chat ; mais elle fut effarouchée par le Cochet qui vint à chanter. Elle s’en plaignit à sa mère, qui lui dit :
– Apprends que cet animal qui te semble si doux, ne cherche qu’à nous manger, et que l’autre ne nous fera jamais de mal.
– De ces jeunes plumets plus braves qu’Alexandre, Il est aisé de se défendre ; Mais gardez-vous des doucereux, Ils sont cent fois plus dangereux.
Un livre plaisant à lire, qui se lit relativement facilement. On suit le chat dans ses aventures, heureuses ou moins heureuses. J’en profite pour préciser, comme l’a fait Brigitte Bulard-Cordeau dans la préface, qu’il s’agit d’une histoire vraie et que ce qu’Attila nomme la coke est en réalité un sac de charbon…
L’auteure se glisse dans la peau du chat, animal qu’elle connaît manifestement bien. Et si j’ai parfois un peu de mal avec quelques mots (talpidé pour éviter la répétition du mot taupe par ex.), j’ai aimé entrer dans son univers parfois poétique, parfois plus réaliste. L’histoire est bien trouvée, mais j’ai parfois moins apprécié ce que j’appellerai des invraisemblances : le chat parle de choses humaines comme un humain et anticipe quelques passages, mais c’est complètement assumé par l’auteure.
Je pense que c’est un livre à destination des amis des chats avant tout mais qu’il peut être lu par tous, et qu’on peut vraiment apprendre ce qu’est un chat.
En 1915 Colette nous dépeint le peuple chat du forum de Trajan à Rome dans « Les heures longues » :
« Obéissant à l’appel, un chat, deux chats, trois chats approchent, convergeant vers le Forum. L’un d’eux vient d’une rue, à pas comptés, l’autre surgit de son impasse, s’arrête pour donner un seul coup de langue à son flanc et repart. Une chatte blanche, assurée, descend au Forum contre nos pieds, en glissant le long du mur comme une coulure de cire. Deux matous rivaux, parvenus au parapet, s’empoignent, sans un cri, sans un feulement, et roulent en nœuds de serpent. Tous sont de longs chats musculeux, grands, ils ont la cuisse aplatie, le nez busqué de l’ancêtre égyptien. Aucun ne montre la hâte furtive, l’allure palpitante et inégale de la bête errante ou traquée. »
Et bien quand je saurai écrire comme cela !!!! On les voit, on les suis pas à pas, on les entend, du grand art !
Voilà quand même les liens vers mes 2 romans félins :
"C'est quoi un dieu ? Il s'agit d'un personnage imaginaire. Mais tu m'as dit qu'aucun humain ne l'avait jamais rencontré. Pour nous les chats, cela peut évidemment paraître illogique, mais il semblerait qu'ils aient crée Dieu parce qu'ils ne supportaient pas d'être libres et responsables de leur propres actes. Grâce à cette notion, les humains peuvent se percevoir eux-mêmes comme des êtres qui ne font qu'obéir à un maître. Tout ce qui arrive est « sa » volonté. C'est également un moyen pour les religieux qui prétendent parler en son nom d'assujettir les esprits les plus faibles."
La 18ème édition du salon du livre de Montmorillon dans la Vienne (86) se déroulera les 24 et 25 Juin. 120 auteurs seront présents. Elle se situera Place Régine Deforges. L'entrée est libre et les écrivains vous accueilleront de 10h à 19h. L'invité d'honneur de cette édition 2017 est Jean-Louis Debré. Véritable cité du livre la ville de Montmorillon est aussi connue pour ses macarons de la célèbre maison Rannou-Metivier(rien à voir avec les macarons parisiens). Profitez-en pour y goûter en dévorant un bon bouquin. Moi je suis fan.