LES 7 VIES DE SURCOUF : EXTRAIT

22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 10:43

"La porte du vestibule est hermétiquement fermée, j’essaie de la crocheter mais elle est verrouillée de l’intérieur. Je lève alors les yeux et j’aperçois le mur pignon de ma propre maison. Il me suffit de jouer le passe-muraille et de traverser les parpaings pour atterrir dans le logement du locataire du rez-de-chaussée ou de varapper jusqu’au faîtage et de sauter dans le jardin. Seulement, ce mur fait dix mètres de haut, il est lisse d’enduit et aucune construction à proximité ne me permet de gagner de la hauteur pour me hisser jusqu’au toit. Je suis fait comme un rat. Mi-fugue, mi-raison, je me décide à pousser une ou deux plaintes timides, puis j’attends potron-minet.

Ce n’est pas le jour des poubelles, nous sommes dimanche et personne ne semble entendre mes hurlements. Personne, sauf…

— Surcouf, Surcouf, tu m’entends ?

Je lève les yeux au ciel et je vois mon sauveur. Pat, muni d’un baudrier, me fait des signes du bord de la toiture, au-dessus du pignon sud, celui qui donne dans cette courette.

— T’inquiète pas, je viens te chercher. Et il disparaît dans l’éther.

— C’est bien lui, il n’a pas l’air d’être blessé. Je vais me faire ouvrir l’arrière-cour.

Je suis resté coincé jusqu’au soir, j’ai braillé mon désespoir tout le long du repos dominical, dix heures sans discontinuer. Pat est venu me rendre visite par les cieux, quatre fois dans la journée pour m’apaiser.

— Arrête, Surcouf, on va avoir des ennuis avec les voisins. Il n’y a personne dans l’immeuble, j’ai sonné des deux côtés. Quelqu’un va sûrement rentrer ce soir ! Il s’égosillait dans le vide, je ne comprenais pas pourquoi il me punissait de cette façon pour une toute petite escapade de rien du tout. J’avais faim, j’avais soif, j’avais envie de me cacher sous la couette. Je repris mes hurlements.

Dans la nuit noire, je distingue une lueur sous la porte du patio. Le vestibule est éclairé, la clé tourne dans la serrure, une vive lumière me fait cligner des yeux. Pat se précipite, me prend dans ses bras et m’embrasse."

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